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© Erwan Le Moigne

Nylso


Est né à Rennes en 1964 et a grandi dans la commune de Mordelles, à une dizaine de kilomètres de là. Il commence par faire du dessin industriel, mais s’inscrit finalement en fac de physique chimie sciences de la terre. À l’issue de ses études, il trouve un travail de chimiste dans un laboratoire. Au bout de quatre ans, il prend une année sabbatique pour se consacrer au dessin. Il est publié un an plus tard et ne remettra plus jamais sa blouse blanche. Jean Masson, son vrai nom, est aujourd’hui un auteur remarqué, comme en témoigne sa présence dans l’ouvrage 100 cases de maîtres, aux côtés de Mœbius, Hugo Pratt ou Robert Crumb. En complément de ses publications, il réalise des concerts dessinés, des expositions, des interventions pédagogiques et est adepte des résidences aux quatre coins du monde.

« J’avais un rêve, c’était d’être pluridisciplinaire pour avoir des notions dans plein de domaines ». Outre le fait qu’il se sentait à l’étroit dans son métier, c’est d’abord cette raison qui l’a poussée à prendre le large pendant un an. « J’ai quitté ma boîte à vingt-huit ans pour me mettre au dessin. J’avais complètement oublié que j’avais étudié le dessin industriel. J’ai bossé comme un dingue. Je mettais mon réveil, m’endormais une demie heure et je me remettais à dessiner ». Il rentre à Rennes et en 1994, avec Joëlle Guillevic (Jo Manix), sa compagne à l’époque, ils fondent le Simo, « on a appliqué le système du rock indépendant à la bd. C’est-à-dire qu’on a décidé de sortir nos bandes dessinées nous-mêmes ». Il dit « je pense que les éditeurs sont là pour publier des auteurs, pour les accompagner sans les juger. Si on accepte de faire confiance au départ, ça débouche sur quelque chose de bien ».

À l’aube des années 2000, ils sont toute une petite bande de dessinateurs à trainer leurs guêtres autour de la librairie Alphagraph à Rennes. « Jérôme, le libraire, alors qu’on lui reprochait de ne pas avoir beaucoup de nouveautés, nous a dit « il faudrait déjà en faire » ». Chez Jérôme Comix sera leur réponse. Un fanzine hebdomadaire disponible tous les samedis, jour de marché, à la boutique. « Il y avait énormément de gens talentueux et ça a créé une émulation folle ». Pour lui, c’est l’occasion d’inventer le personnage de Jérôme d’Alphagraph, librement inspiré du bonhomme du même nom. Comme lui, Jérôme est un libraire, mais évolue dans un monde oriental, accompagné de sa fidèle bourrique. Huit volumes, parus aux éditions Flblb et Les Contrebandiers voient le jour. « Je me suis rendu compte que le sujet m’intéressait, les livres, la lecture et j’aime l’idée de me poser des contraintes ».

Qu’il soit en Bretagne, à Paris, à Angoulême, en Corse ou au Mali, en Moldavie, au Sénégal, en Russie... Il s’applique la même discipline « Je me lève à cinq heures du matin et je me mets à dessiner, je produits de la matière et en fonction de cette matière, je vois s’il est possible de dégager une thématique. Ça va pouvoir être le féminisme, la ville, la vie éphémère ». Paysages, arbres, rochers... Il dessine au rottring. Fins traits d’encre glissés directement sur la feuille blanche, sans préalable crayon-gomme. Il partage, avec d’autres dessinateurs comme Baudoin, des artistes contemporains comme Damien Marchal, ou des musiciens comme Thomas Le Corre ce qu’il appelle l’honnêteté par opposition à la sincérité et dit « j’aime les gens qui sont habités par ce qu’ils font. Qui l’acceptent, le comprennent et réussissent à le distordre jusqu’à la rupture ».

Mes images
« J’aime le dessin et j’aime les gens qui ont une forme et introduisent une abjection dans la forme. J’aime ce qui est trash, mais je ne supporte pas l’underground « institutionnel » ».
« Mon premier choc, j’avais treize ans et j’étais allé à un concert à Rennes avec mes sœurs. J’y ai vu pour la première fois deux femmes amoureuses se tenir la main. J’ai trouvé ça formidable. C’était un truc indicible, mais j’ai réalisé qu’il était possible d’avoir sa propre identité, y compris sexuelle. Que c’était accepté. Je pense qu’il y a une tolérance dans cette ville. Quand on en part, on est choqué par le regard des autres, le fait qu’ils puissent juger. Je me présente toujours en disant que je viens de Rennes, pour moi ça veut dire quelque chose ».

Mes sons
« J’écoute de la musique en permanence. Dans les trucs récents, j’aime beaucoup José Gonzales et son groupe Junip. Il augmente la puissance de sa voix sans augmenter le volume. C’est jamais spectaculaire ».
« Ce qui revient souvent, c’est The Cure et aussi Joy Division. Leur album Closer, c’est ma madeleine ».

Mes textes
« Isaac Bashevis Singer. Exceptionnel. Il a collecté avec une intelligence rare tous les contes juifs polonais pour en faire des romans ».
« Albert Cossery qui était égyptien mais a écrit à Paris. Il écrivait deux lignes par jour, après il allait boire des coups avec ses potes et allait se coucher. J’aime ça, cette absence de carriérisme ». « Robert Walser, Les enfants Tanner et La promenade. Lui, c’est la solitude. Tout est structuré, intelligent ». 
« Witold Gombrowicz, je le relis tous les jours. Sa phrase fétiche, « l’ennemi c’est la forme », m’accompagne ».

L’univers de Nylso
Une interview réalisée en décembre 2014


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