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© Éric Legret / Musikan

Jean Luc Thomas


Est né à Paimpol en 1968 et a grandi entre Lorient et Lannion, au gré des affectations de son père. Après son bac, il commence des études à Rennes, sans savoir vraiment où il va, mais avec la ferme intention de surprendre sa famille qui ne croit pas beaucoup en sa capacité à rentrer dans le moule. Il tombe amoureux de la flûte traversière à un concert des Chieftains, en achète une dans la foulée et apprend en autodidacte. Il se frotte peu à peu à des musiciens traditionnels au hasard de rencontres dans un bar rennais et décide d’aller enrichir sa pratique en Irlande. La force de rassemblement des festoù-noz le fascine, il court la Bretagne et enchaîne les concerts. Jamais rassasié, il se met à arpenter le monde, joue avec les plus grands et continue en permanence à nourrir sa création.

« J’ai eu un véritable coup de foudre pour la flûte en découvrant la façon dont Matt Molloy en jouait avec les Chieftains ». Il rigole, « c’est-à-dire que c’est devenu obsessionnel. Je n’en dormais plus. Il fallait que j’en trouve une ». Il a dix-huit ans, vient d’arriver à Rennes et ne tarde pas à se procurer l’objet du désir. « Il n’y avait pas de prof, j’ai dû apprendre tout seul ». La musique n’est pas essentielle dans sa famille. À l’adolescence il s’était mis à écouter du heavy metal, pour sortir du carcan, « j’avais une haine viscérale de l’uniforme. En écoutant du rock, j’avais l’impression de me rebeller. Jusqu’au moment où j’ai trouvé que les rockers et les punks étaient engoncés dans leurs panoplies eux aussi ». Les festoù-noz et la musique traditionnelle vont lui apparaître comme étant la marginalité absolue. « À l’époque, c’était la queue de comète du FLB, on y parlait de la Palestine, des Groupes antiterroristes de libération... Il y avait des RG qui traînaient à l’extérieur pour surveiller qui venait. C’était une manière de faire un pied de nez à mes parents ».

À Rennes des musiciens pratiquent le bœuf dans les bars et « je me suis mis à vivre ce truc que j’adore : être autour d’une table et partager musicalement ». Il rencontre alors Annie Ebrel qui lui propose de lui présenter de vieux chanteurs du fin fond de la Bretagne, « c’est par ce biais que j’ai commencé à me faire un répertoire ». Il veut creuser davantage, « je suis parti en stop en Irlande pour me construire un petit bagage technique ».

Au cours des années quatre-vingt-dix, il joue dans des festoù-noz, « j’aime l’idée que le musicien n’y soit qu’un élément d’un tout, sur un pied d’égalité avec les danseurs » et fait la connaissance du contrebassiste Pierrick Tardivel, « qui m’a aiguillé sur la route de l’improvisation ». Avec le guitariste Philippe Gloaguen, ils montent le trio Kej, « l’idée était de créer un noyau central de rencontres musicales cosmopolites ». Ce groupe lui permet de rencontrer Diourou Diallo au Mali, « un flûtiste avec qui j’ai vécu l’un des moments les plus forts de ma vie ». Ses voyages, qu’ils soient en Europe, en Asie ou en Afrique donnent naissance à de belles amitiés : David Hopkins, Maciej Richly, Yacouba Moumouni... « C’est à chaque fois l’occasion d’expérimenter avec des musiciens qui maîtrisent d’autres techniques » et d’écrire de nouvelles histoires. Il est tombé amoureux du Brésil à l’orée des années 2000, « j’ai pris Hermeto Pascoal, Egberto Gismonti et tout ce courant jazz en pleine figure ». Auprès de son ami, l’harmoniciste Vitor Lopes, il découvre le choro, cette musique populaire et savante, qu’il apprivoise peu à peu. Il dit « j’ai appris à jouer de la flûte tout seul, mais j’ai appris à jouer de la musique avec les autres ».

Mes sons
« Les Sœurs Goadec, Live à Bobino. Il y a quelque chose d’universel là-dedans ».
« Alex Cline, The Lamb and the Star. C’est un batteur qui a une écriture sublime. Ça fait vingt ans que j’écoute ce disque et j’y découvre encore des choses ».
« Hermeto Pascoal, Festa dos Deuses, littéralement La fête des Dieux. C’est un disque foisonnant. Les Dieux de la musique sont effectivement partout. Extraordinaire ».

Mes images
« Samba da vela. C’est la samba de la bougie. J’ai ce souvenir, sous une halle de marché. On avait allumé une bougie sur une petite table. On était une dizaine de musiciens et il y avait plein de gens autour. Tout à coup quelqu’un a lancé « untel, chante ! » et la personne s’est levée pour se mettre à chanter. Ça a continué comme ça jusqu’à ce que la bougie s’éteigne. Il y a une ferveur rare dans la samba ».
« Mes images fortes sont souvent liées à des souvenirs de communion, ces moments où les choses se passent parce qu’on est ensemble ».

Mes textes
« Adolfo Kaminsky, une vie de faussaire de Sarah Kaminsky. J’aime la conscience de ce type. Sa justesse ».
« Le Portrait de Gogol. Pour l’inconscience du héros ».
« La Jungle de Upton Sinclair qui décrit les conditions de travail des ouvriers dans les abattoirs à Chicago au début du siècle dernier. La misère de la machine qui broie ».
« Arthur Koestler, Un testament espagnol. Ça accompagne ma vie ».
« Symphonie grabuge de Jean Vautrin, c’est truculent ».

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